La gestion des risques, troisième pilier du Développement Professionnel Continu
La nécessité de former tout au long de la vie les professionnels de santé a donné naissance au DPC, obligatoire depuis 2009. Tous les 3 ans, chaque praticien doit suivre une formation, une action d’évaluation des pratiques professionnelles ou de gestion des risques. C’est sur ce dernier élément du triptyque du DPC que nous allons ici faire le point.
Pourquoi la gestion des risques dans le DPC ?
Lorsqu’il s’inscrit à un cursus de DPC, le médecin a le choix entre de nombreuses opportunités. En grande majorité, il se tourne vers une formation, mais s’intéresse beaucoup plus rarement à la Gestion des risques.
Pourtant, l’enjeu est considérable. En 2019, Santé Publique France évaluait le nombre d’événements indésirables graves en hospitalisation entre 160 000 et 375 000 cas. Près de 50 % d’entre eux auraient pu être évités.
C’est sur cette marge encore trop importante que les professionnels de santé sont appelés à travailler. La gestion des risques est un outil fondamental de cette lutte contre les événements indésirables. Si, intuitivement, elle paraît prioritairement destinée aux établissements de soin collectifs, elle concerne de fait tout praticien, qu’il travaille seul en cabinet ou fasse partie d’une équipe de soignants.
Comment se former en gestion des risques de santé ?
La Haute Autorité de Santé (HAS) a validé cinq méthodologies, à suivre selon les objectifs fixés en équipe.
La gestion des risques en équipe
Une équipe est composée de plusieurs professionnels de santé qui ont l’occasion de collaborer autour des patients. Une unité hospitalière, plusieurs services d’un même établissement ou l’ensemble des personnels intervenant près d’un patient (ville-hôpital,…) en font partie.
Le travail consiste à impliquer tous les soignants, puis de les laisser élaborer l’organisation de la démarche de gestion des risques. Cela aboutit à un fonctionnement plus performant de l’équipe et plus sécurisé pour les patients.
Tenir un registre, un observatoire ou une base de données des pratiques
Il s’agit ici de mettre en place un registre des pratiques de gestion des risques, et de la démarche d’amélioration souhaitée. Des indicateurs sont définis pour mesurer l’évolution d’éléments clés (nombre d’événements indésirables, gravité, erreur sans incidence, etc…).
Cela permet tout à la fois de concrétiser la démarche, puisqu’il faut en établir le compte rendu régulier, et de repérer rapidement les points d’évolution à entreprendre.
Faire une revue de mortalité et de morbidité (RMM)
La RMM est l’analyse de cas sur lesquels est survenu un événement indésirable. C’est une démarche collective puisque tous les membres du personnel y participent. Elle est rétrospective, et s’apparente à « l’apprentissage par l’erreur ».
L’objectif précis de cette démarche est de décrire le plus précisément et exactement possible l’événement indésirable et son contexte, puis d’en analyser les causes.
L’amélioration des pratiques de gestion des risques vient du retour d’expérience sur les cas problématiques.
La simulation en santé
Comme son nom l’indique, la simulation recourt à un matériel (mannequin, ordinateur, réalité virtuelle) ou à un patient standardisé, pour travailler sur des situations et des scénarii, répéter des processus et des situations cliniques.
Cette méthode forme les soignants à des procédures et à la prise en charge de situations pouvant générer des risques, leur permettant d’acquérir ou de réactualiser des connaissances et compétences techniques.
On peut reconstituer des situations vécues et indésirables, et créer des actions d’amélioration pour les éviter.
Constituer un suivi d’indicateurs de qualité et de sécurité des soins
Une fois un thème de travail sélectionné, modalité de prise en charge ou signalement d’un événement indésirable par exemple, un ou plusieurs indicateurs sont constitués, soit en piochant dans des indicateurs existants et validés, soit en les créant.
Les données sont recueillies régulièrement, puis analysées. Les résultats sont transmis aux professionnels concernés. Des échanges sont alors organisés pour proposer un plan d’action destiné à y répondre. Les indicateurs vont poursuivre leur existence et permettre un suivi avant/après le plan d’action.
Dotés de cette méthodologie à plusieurs outils, médecins et soignants peuvent trouver la formation de Gestions des risques adaptée à leurs problématiques, et qui s’inscrit dans le schéma du DPC.