Archives mensuelles : janvier 2023

Prise en charge financière du DPC : modalités pour 2023

Installés ou remplaçants, libéraux ou salariés, conventionnés ou pas, retraités… quels médecins généralistes peuvent bénéficier de la prise en charge financière de leur DPC ? L’Agence du DPC vient de publier quelques précisions à ce sujet et si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez également consulter cet autre article sur le financement du DPC.

Conventionné

Un médecin généraliste doit exercer en mode conventionné, que ce soit en libéral via son cabinet ou en tant que salarié via la structure qui l’emploie, pour bénéficier de la prise en charge de son DPC

Libéral ou salarié

Que le médecin exerce en libéral ou centre de soin en tant que salarié ne change rien à sa prise en charge financière, il y a droit dans les

Remplaçant, retraité

Les médecins remplaçants ne peuvent pas prétendre à la prise en charge financière par l’ANDPC, il est ainsi depuis janvier 2022.

Les médecins retraités peuvent prétendre à la prise en charge financière du DPC s’il poursuit une activité libérale installée conventionnée ou salariée d’un centre de santé conventionné dans le cadre d’un cumul emploi-retraite.

Contrôle de la prise en charge

L’Agence du DPC contrôle la possibilité d’une prise en charge financière jusqu’à la veille du premier jour d’une session de formation. Ces cas doivent être rares, mais si vous devenez inéligibles après vous être inscrit à une formation mais avant que celle ci ne démarre, si l’ANDPC en a vent avant le premier jour de la formation, alors elle refusera la prise en charge financière.

Les cas de non prise en charge financière

Si vous n’êtes pas dans un cas d’éligibilité à prise en charge financière, alors vous êtes toujours dans l’obligation de suivre des formations validantes DPC, mais à vos frais ou grâce à un autre mode de financement. Les principaux cas d’inéligibilité sont :

  • pas de conventionnement avec l’Assurance Maladie (exemple : secteur 3)
  • remplaçant d’un médecin libéral
  • retraité sans activité

Pour rappel, nous avons un article sur les montants des prises en charge financières du DPC pour les médecins généralistes.

L’Évaluation des Pratiques Professionnelles par un Audit Clinique

L’audit clinique, un moyen efficace d’améliorer ses pratiques professionnelles

Les avancées scientifiques et technologiques imposent de mettre à jour régulièrement les connaissances et les pratiques des professionnels de santé. Dans le cadre du Développement Professionnel Continu, les soignants participent tous les trois ans à des formations et des sessions d’évaluations de leurs pratiques professionnelles. Parmi ces dernières, l’audit clinique s’avère une excellente méthode.

Comment réaliser un audit clinique de ses pratiques médicales ? 

L’audit clinique est défini et validé par la HAS. Il consiste à mesurer les écarts entre pratique réelle observée et pratique attendue ou souhaitée. À son issue, des actions d’amélioration sont mises en place. La HAS propose cinq étapes pour parfaire ce dispositif.

1. Définir le champ d’application de l’audit clinique

Le praticien ou le service concerné va choisir le thème sur lequel portera l’audit. Il est nécessaire de travailler sur un champ étroit, bien circonscrit source d’interrogation de la part du professionnel ou qui connaît des avancées scientifiques ou réglementaires. Le thème doit donc être à la fois : 

  • Suffisamment important, 
  • D’actualité (scientifique, professionnelle…),
  • Bien cadré,
  • Susceptible de conduire à la mise en place d’actions concrètes.

Par exemple, cela peut porter sur la préparation de la sortie d’un patient hospitalier pour l’audit clinique d’un établissement ou service, ou sur la prescription médicamenteuse chez les sujets âgés pour un généraliste.

2. Déterminer des critères pertinents et mesurables

Le choix des critères doit s’inspirer principalement de la littérature récente : articles scientifiques, nouveautés législatives et réglementaires, recommandations de bonnes pratiques… 

L’autre source potentielle est la pratique du professionnel lui-même : s’il rencontre des points critiques, s’il a conscience de difficultés dans la qualité de certains soins, il a tout intérêt à sélectionner cet aspect.

3. Mener l’évaluation de manière prospective ou rétrospective selon les cas

L’évaluation peut être prospective dans le cas de pratiques de soins : les évaluateurs observent directement des situations, ou mènent des entretiens avec le professionnel.

Elle peut également être rétrospective : on examine des dossiers des patients. La HAS recommande de travailler sur un minimum de dix dossiers. Dans les faits, plus le nombre est important, plus la validité des résultats est forte.

Les résultats sont analysés par des professionnels et conduisent à pointer les écarts entre pratique et recommandations.

4. Mettre en place des améliorations de la pratique

Sur la base des écarts identifiés, le professionnel va mettre en œuvre des actions d’amélioration de la qualité des soins. 

Celles-ci doivent permettre une amélioration réelle de la pratique. On leur demande donc d’être très concrètes, faciles à mettre en œuvre, organisées avec un calendrier prévisionnel et suivies dans le temps.

5. Réévaluer ces nouvelles pratiques

De manière à consolider ce travail, les nouvelles pratiques seront réévaluées une année plus tard sur la base des mêmes critères.

Ce retour à l’évaluation permet de s’assurer de l’efficacité des mesures mises en place et, éventuellement, d’y apporter les corrections nécessaires à de meilleures performances.

L’audit clinique est pris en charge par l’ANDPC 

C’est l’Agence Nationale du DPC qui pilote le dispositif du DPC. L’audit clinique y étant intégré, les professionnels pourront ainsi s’acquitter de leur obligation de formation continue dans une période triennale, et éventuellement bénéficier d’une prise en charge des frais et du temps qu’ils y ont consacré.

L’audit clinique est ainsi un moyen puissant de mise à niveau du système de soins, validant l’intérêt et le succès du DPC.

L’Évaluation des Pratiques Professionnelles par Vignette Clinique

Les vignettes cliniques, une méthode efficace d’Évaluation des pratiques professionnelles

Le Développement personnel continu, ce programme obligatoire de formation continue pour les professionnels de santé, peut revêtir des formes variées. Tous les trois ans, chaque professionnel doit s’inscrire à une ou plusieurs activités : formation, évaluation des pratiques professionnelles, gestion des risques. De nombreuses méthodes sont utilisées, donc certaines sont autorisées depuis peu. C’est le cas des vignettes cliniques, que cet article vous présente en détail.

Les ressorts pédagogiques de la vignette clinique

C’est en 2020 que la Haute Autorité de santé a reconnu les vignettes cliniques comme une méthode valide d’Évaluation des pratiques professionnelles. De quoi s’agit-il ?

La vignette clinique : une mise en situation

La méthode est simple : contextualiser ou mettre en situation le médecin ou professionnel de santé concerné à partir d’une histoire de patient. Cela emprunte aux mêmes techniques que les cas cliniques, la simulation ou les tests de concordance de scripts : il s’agit d’une mise en situation à partir d’un scénario donné, incluant une étape de retour d’information au participant.

Les quatre étapes types des vignettes cliniques

Concrètement, une session d’EPP reposant sur une vignette clinique suit un certain nombre d’étapes précises :

  • La présentation d’un cas clinique concret, qui présente un intérêt particulier,
  • Un questionnaire : comment le médecin, l’infirmier, le chirurgien-dentiste, etc. analyse-t-il le cas ? Quel est son diagnostic ? Quel traitement mettre en place, quelle manière de prendre en charge le patient ? etc.
  • Un échange entre le ou les formateurs et le ou les stagiaires : retour sur les réponses des participants, afin de développer leurs connaissances et d’améliorer leur raisonnement clinique.
  • Un débriefing final entre formateur et participants.

L’idée est de délivrer des informations progressivement, étape par étape, comme dans un cas clinique réel : les stagiaires découvrent un symptôme, établissent un constat, formulent une hypothèse, échangent avec le formateur qui, éventuellement les aiguille, répondent à ses questions, trouvent la ou les réponses correctes. Puis on passe à un nouveau constat, et ainsi de suite. 

La vignette clinique au plus près des pratiques professionnelles

Plusieurs études ont été réalisées sur le potentiel pédagogique des vignettes cliniques. Il en ressort que cette méthode apparaît comme un outil efficace pour la formation des professionnels de santé.

Elle permet en effet aux praticiens d’améliorer leur raisonnement clinique. En se confrontant à des cas spécifiques et en étant guidés par un formateur dans leur perception, ils travaillent sur cette démarche intellectuelle qui les amène à décrypter (des symptômes, une situation), déterminer (une ou des possibilités de diagnostic), décider (quel diagnostic porter, et en conséquence quelle réponse apporter) pour résoudre un problème de santé.

La vignette clinique, en ce qu’elle pousse le professionnel de santé à exercer son raisonnement clinique, enclenche chez lui tout un cheminement cognitif complexe : à la fois démarche analytique, déductive, reposant sur des connaissances théoriques ; mais aussi recours à des mécanismes inconscients, faisant un appel « réflexe » à un historique de cas déjà vus et mémorisés par le praticien.

Les vignettes cliniques sont une excellente méthode d’EPP, dans la mesure où elles portent à la fois sur les connaissances et sur les pratiques. Elles s’inscrivent ainsi non seulement dans le cadre du DPC, mais également dans celui plus large de la certification périodique, qui se focalise entre autres sur la pratique médicale.

Médecins généralistes |Comprendre la Certification Périodique

Certification périodique et DPC : deux dispositifs de formation obligatoires. Comment s’y retrouver ?

Le 1er janvier 2023, un nouveau dispositif à destination des professions de santé à ordre a vu le jour : la certification périodique. Obligatoire, elle vient s’ajouter au Développement Professionnel Continu, en vigueur depuis 2009. Qu’apporte cette nouvelle obligation ? Comment s’articule-t-elle avec le DPC ?

La certification périodique, une ambition plus large que le DPC

Des objectifs ambitieux

L’objectif de la certification est le même que celui du DPC : l’amélioration globale et permanente de l’efficacité de notre système de santé. 

C’est un programme individuel de formation poursuivant quatre buts. Chaque praticien doit : 

  • Actualiser ses connaissances et ses compétences pour être constamment à jour des dernières innovations médicales. C’est l’affaire de la formation continue.
  • Renforcer la qualité de ses pratiques professionnelles par des actions d’évaluation de la qualité des soins.
  • Améliorer la relation avec les patients, par des activités allant dans ce sens.
  • Assurer un meilleur suivi de sa santé personnelle.

Le premier point est déjà au cœur de la démarche du DPC : remplir ses obligations en matière de DPC coche donc déjà l’une des quatre obligations de la certification périodique.

Une obligation sur longue période

Les professionnels concernés, médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes et pédicures-podologues auront la liberté de choisir les actions qu’ils veulent mener.

Il leur faudra justifier de ces actions réalisées sur une période de six ans. Toutefois, pour les professionnels inscrits à leur ordre avant l’entrée en vigueur de l’obligation, soit avant 2023, cette période initiale est de 9 ans. Ensuite, ils devront comme les autres justifier de leurs réalisations tous les 6 ans.

Le CNCP, une nouvelle instance dans l’ombre de l’ANDPC

Le DPC est piloté par l’Agence Nationale du DPC. La certification périodique dépend, quant à elle, du Conseil national de la certification périodique ou CNCP. 

Cet organe poursuit quatre missions :

  • Fixer les orientations scientifiques nécessaires à l’élaboration des référentiels de certification,
  • Communiquer et promouvoir la certification auprès des professionnels,
  • Veiller à ce que les acteurs intervenant dans la procédure soient indépendants de tout lien d’intérêt,
  • Vérifier que les actions réalisées dans le cadre de la certification répondent à des critères d’objectivité.

Le CNCP est structuré en deux étages : un niveau collégial, à savoir le président et 14 personnes, 7 représentants des ordres et 7 membres des commissions ; c’est l’instance gouvernante. Et le niveau des commissions : on compte une commission par profession de santé dépendant d’un ordre, soit sept. 

Des incertitudes et des règles à préciser

Tout n’est pas encore complètement calé en matière de certification périodique. Ses promoteurs préfèrent se laisser du temps pour engager l’ensemble des professions dans le nouveau dispositif.

Qui contrôle la bonne exécution des obligations ?

Les ordres ont le pouvoir de contrôler le respect des obligations du DPC par les praticiens. En ce qui concerne la certification, tout n’est pas encore très clair. Les discours des acteurs reste prudent, ceux-ci préférant s’engager à mettre tout en œuvre pour expliquer et convaincre les plus réticents.

Y aura-t-il des sanctions ?

En théorie, oui, que ce soit pour un manquement aux obligations du DPC ou à la certification. L’ordonnance instituant celle-ci stipule que le non-respect de l’obligation « constitue une faute susceptible d’entraîner une sanction disciplinaire ». Pour l’instant, rien de plus précis. On peut imaginer que les ordres seront chargés de sanctionner.

La certification périodique sera-t-elle indemnisée ?

Le DPC est plutôt bien pris en charge. Qu’en sera-t-il de la certification ? Un rapport de l’IGAS de 2022 mettait en évidence le surcoût important d’une indemnisation de la certification périodique. 

Si l’on peut penser que celle-ci sera bien à l’ordre du jour, aucune modalité n’a encore été établie, ce qui n’incite évidemment pas les praticiens à se lancer dès maintenant dans des actions entrant dans le cadre de la certification.